Dilara jumps on the bandwagon

Qu’il n’y a pas de haine qui tienne. Qu’on doit les écouter, tous, les menteurs aussi. Maintenant, il ne bavarde plus, il ne bavardera plus, ne bavardera plus jamais. Qu’au moins une fois on l’ait écouté. Mais non, jamais une seule fois. Clémence l’aura fait je suppose.

Seu José, mestre carpina,
e em que nos faz diferença
que como frieira se alastre,
ou como rio na cheia,
se acabamos naufragados
num braço do mar miséria ?

‘Sieur José, maître charpentier,
et quelle différence ça fait
qu’elle se répande comme engelure,
ou comme un fleuve en crue,
si naufragés nous finissons
dans un bras de la mer misère ?

Et tandis que Shunsuke s’étonnait de tant de vigueur, elle l’attira à elle, se mit sur le côté, et elle guida sa main vers le sein normal qui était dressé.
« Il faut que tu te reposes ! Tu as subi une opération aujourd’hui ! » lui dit-il d’un ton de reproche.
Un jour d’été, quand Shunsuke rentra chez lui, il trouva Tokiko et Ryôchi en train de discuter avec animation Michiyo. Celle-ci avait amené avec elle un garçon d’une dizaine d’années qui s’entendait à merveille avec Ryôchi. Shunsuke disparu dans le salon qui servait aussi de salle de séjour. Il laissa ainsi s’échapper l’occasion de s’enfermer dans son bureau.

à moins que
la quête
du lierre
n’étrangle
l’arbre
existant

ayant été fenêtre

et sol où tourne
le soleil glisse
l’obscurité

plafond qui plane

et murs autour
du milieu

WHEN I AWOKE, sunlight was filtering in through the cracks in the ill-fitting door of the guesthouse. Cocks were crowing outside and dogs barking. I heard a woman’s voice scolding a child. I turned over on the uncomfortable straw pallet and every muscle ached from the previous day’s unaccustomed exertion. Cemal was already up and fully dressed and when he saw that I was awake he threw open the door, letting in a flood of sunlight. Hikmet and Dursun, aroused by our talking, complained of stiffness but Cemal said he would soon put that right. Then commenced fifteen minutes of near-torture for, starting with me, Cemal massaged the muscles of legs, thighs, back and torso until every aching muscle had been ferreted out. His powerful fingers dug into me relentlessly, ignoring my yelps of protest, and by the time he had finished with me and started on Hikmet Bey, I felt as weak as a kitten. However, after lying supine for a little while I discovered that most of my aches had disappeared – only the deep imprint of Cemal’s fingers remained to remind me of the pummelling I had received. A youth brought bowls of water for us, standing by courteously while we washed, or at least attempted to wash, for there wasn’t much water, and pouring water over our hands from a long-spouted jug. 85Afterwards another youth brought tea, home-made bread (very doughy and nauseous), sheep’s-milk yoghurt and wild honey. We ate in the sunlight, squatting on the dusty grass, and, despite the bread, I think food has never tasted as good.

We did not know where they were taking my father, and although we asked Bekçi Baba, he could only say that the Recruiting Centre might have some information. The next day Feride was sent to enquire and came back to tell us that my father’s age-group were at the Hasan Paşa Mosque, waiting to be sent away. My mother was excited and bade my grandmother get ready to accompany us to the mosque, as perhaps we would be able to catch a glimpse of my father before he left. We made our way through the crowded streets, my mother and my grandmother heavily veiled, the latter volubly protesting at having to walk, and lamenting loudly for the vanished Murat and the phaeton. Hasan Paşa Mosque was built in a garden, high above the street. When we got there there were many other women and children, also come to try and see their menfolk before they left İstanbul. Crowded in the garden were the soldiers, looking down at us and searching for their loved ones. One of the soldiers shouted down to us, calling my grandmother by name and telling us that my father was somewhere in the garden. We looked at the soldier wonderingly, for who was this rough-looking person who dared to call my grandmother by her name? Suddenly my mother recognised him, telling us that it was the man who lived opposite us. I could hardly believe her. That soldier in his drab, grey uniform, with his hair cut close against his head, could surely not be the elegant gentleman from across the way – who had so proudly carried his wife on his arm each evening, when taking her for a stroll? It was impossible: where was the similarity between this soldier and the frock-coated, fezzed man from across the street? Tension increased as I saw my father walking to the edge of the garden. There was quite fifteen feet between us and the garden stood so high from the ground that it was not possible to see each other clearly. My grandmother called to him, asking if there was anything he wanted but he shook his head and said, sternly: ‘Take the children home and do not come here any more.’

Restez où vous êtes, monsieur le commissaire. J’envoie une voiture pour vous guider. L’autoroute est fermée à la hauteur d’Aspropyrgos. Les gens du coin manifestent. (…)
« Venez que je vous montre. Un cadavre ici, c’est la première fois. »
Au Céramique aussi, me dis-je.
Je demande à Dakakos de faire guider aussi mes collègues en route et je préviens ceux-ci. Puis Dakakos m’emmène à la rencontre du mort. L’assassin l’a placé dans un passage étroit, entre une colonne abattue et de gros blocs de marbre.

Il faut rentrer, mais cette fois en Martinique, près des siens. Louis-Thomas Achille la soutient financièrement. Il est devenu professeur aux États-Unis, à l’université noire d’Howard, et lui envoie par câble trois cent cinquante dollars. Grâce à lui, elle peut prendre un paquebot de Liverpool jusqu’à New York sous les tirs des sous-marins ennemis, puis un bateau jusqu’à Porto Rico, et enfin un avion qui la ramène à Fort-de-France. Retour à la maison familiale de la rue Schoelcher. Un tome de sa vie vient de se clore, un nouveau s’amorce. À partir de cet épisode, elle fera le même cauchemar chaque nuit : elle veut rentrer en France, mais échoue systématiquement.

Ce n’est pas ma faute. Il pleut tous les jours maintenant. Ce n’est pas…, dit Siti Salina, mais Abdul Fakar l’interrompit.
Oui, je sais, je sais. Mais qui sait ce que tu gagnes ? Je sais maintenant que tu sais bien mentir. Il vaut mieux que je me taise. Mais, la prochaine fois, si je suis vraiment en colère, je te frapperai, ça t’apprendra. Tu sauras alors qui est Fakar. »
Siti Salina se taisait; Elle regardait les boîtes de lait et les souris qui se poursuivaient. Ce spectacle est plus agréable à contempler qu’Abdul Fakar. Les souris se montraient pour prouver qu’il était préférable d’être souris à ce moment-là. Cela l’apaisa et elle oublia un moment Abdul Fakar.
« Qu’est-ce que tu fais de ton argent. » demanda Abdul Fakar. Cette question rappela à Siti Salina celle de Zarina à Sunarto.
« Tu le donnes à un autre homme, c’est ça ? » demanda encore Abdul Fakar.

Ce qui se passe sous la terre,
Au nadir lointain ?
Penche-toi près d’une fontaine,
Près d’un fleuve
Ou d’une source :
Tu y verras la lune
Tombée dans un trou
Et tu t’y verras toi-même,
Lumineux et silencieux,
Parmi les arbres sans racines,
Et où viennent des oiseaux muets.

Dites, ô jeunes sœurs qui vous reposez à mi-chemin, là-bas, de cette montée : que vous a-t-elle dit à mon intention, la grande sœur au pied de la côte ?
- « Je me suis baignée au moment du repiquage, a-t-elle dit pour le premier né, et ne pourrai venir comme les autres. »
- Ce sont là paroles d’une oublieuse déjà ; mais de moi qui suis encore triste, cela ne peut être le message !Le riz lui-même est triste de la viande, ô jeunes sœurs ; et moi, de penser à elle, m’ôte le sommeil.

Chuchotement de trois valiha*
son lointain d’un tambour en bois,
cinq violons pincés ensemble
et des flûtes bien perforées :

La femme-enfant avance avec cadence,
vêtue de bleu – double matin !
elle a un lambe** rose qui traîne,
et une rose sauvage dans les cheveux.

Et il édicta la loi :

Qui mutile doit compenser,
Qui tue doit remplacer
- Il envoie son fils à la fête,
Et l’un de son clan pour remplacer le mort.

The servant Hated-by-the-Hearth came, startling Great-King-Maker,
and said, "Beautiful-Rich has given birth,
but the mother has died on the throne."
Great-King-Maker was shaken. He said,
"Call my man Not-Protected-from-Call
to get a thousand women to bathe this baby."
Then a thousand women came down from Long-Standing.
They entered the house and came forward to take the baby.
When one came up to hold him,
he kicked her and broke her leg.
When another came,
he kicked her and put out her eye.
Some had their teeth knocked out,
some had their hands cut off.
And when his father came to take and bathe him,
he kicked him and broke his leg. His father said,
"Ah, that is a trouble baby, a calamity baby.
In the womb he was fatal to his mother,
dropped on earth he is fatal to his father."
Then he came off the golden throne
and jumped into the blazing fire.
To help him, they threw water on the fire,
but that did not stop it; instead it flamed up.
Then they tried to take the baby,
but he was slippery nad could not be held,
and hot as the fire was, it made no difference to him.

- Lui, il demeure sur terre et moi, votre sujet, je suis habitant des eaux. Suivant des chemins différents, comment l’aurais-je atteint ? Maintenant qu’avec ses déclarations fausses et ses paroles calomnieuses il veut injustement m’accuser d’une faute que je n’ai pas commise, je crains que des doctrines hérétiques ne triomphent et que la Cour ne soit induite en erreur d’une manière ridicule. Et si je suis ignominieusement condamné, ce ne sera pas fait pour apaiser le souverain et préserver le peuple.
Défense et accusation échangèrent les paroles, mais jamais l’accusé n’avouait. Le roi des mers lui aussi eut des doutes et ne sut comment régler le différend. Le marquis murmura alors à l’oreille de Trinh :
- Pourquoi ne pas révéler l’identité de votre femme Duong et demander qu’on la fasse venir ?

Dans les circonstances ordinaires de la vie, j’ai souvent manqué de courage, d’initiative ;
En face du danger, je me relève. Le malheur me trouve plein de force. Il en était ainsi dans cet instant, où je jouais l’avenir de toute ma vie… La lutte probable me donnait un élan surnaturel.
À cinq heures, j’étais agenouillé dans la chapelle de l’évêché. Monseigneur de B… disait tous les jours la messe à cette heure-là. À l’issue de sa messe, on le trouvait au confessionnal. La réputation de l’éminent prélat était universelle. Homme de génie par excellence, l’évêques de Saintes jouissait d’une suprématie incontestable dans l’épiscopat français. Quant à ses diocésains, ils lui avaient voué un culte qui ne peut se comparer. On était fier de lui. J’avais compris que là seulement je trouverais conseil et protection.

I returned the book so quickly after reading it (other patrons were waiting for it), I forgot to copy the usual excerpt.

Il pensa alors que tout n’était pas perdu : s’il vivait pleinement chacun des instants à venir comme s’il était le seul et le dernier, peut-être finirait-il par avoir l’impression d’avoir eu sa part de la vie.

Et nous continuâmes la poursuite tous ensemble. Courant droit devant lui, sans se retourner pour nous voir, il réussissait, par je ne sais quel miracle, à conserver son avance ; et nous nous sentions bernés et ridicules ; le soleil nous frappait en plein front, la sueur nous coulait dans les yeux, nous commencions à tituber de fatigue et de soif.

Dans ma tête, j’écris à Mme Lindgren,
Chère madame Lindgren,
Mon papa se trouve au ciel et vous, en Suède. Pourquoi faut-il que tous les gens à qui je tiens soient si loin ? Maman m’a ordonné de me débarrasser de vos livres. Que faut-il que je fasse ? Je ne peux quand même pas les jeter à la poubelle ! Et je ne peux pas non plus les emmener chez moi… Si je faisais une fugue, comme Félé ?

« Lieutenant médecin Philippe Joubert, né à Nîmes le 15 novembre 1918, mobilisé à Lunel le 15 septembre 1939, au front avec le 41e régiment d’infanterie coloniale. Volontaire corps franc. Cité. Prisonnier en mai 1940. Libéré en mars 1941. Externat thèse en mars 1944. Départ pour Paris le 1er avril 1944. Conduit ambulance de la Croix-Rouge. Bombardements. Départ pour l’Est le 15 août 1944. Parti de Körlin avec le capitaine Bassompierre avec dix officiers et 500 hommes le 4 ou le 5 mars 1945, il a disparu le 5 ou le 10 mars. Les restes du groupe Bassompierre ont été pris par les Russes le 17 mars et conduits au camp d’Arnswalde. »
Lucie rédige cette biographie de Philippe Joubert pour le célébrer, comme l’a fait Léon des années plus tôt pour le défendre, et comme je le fais maintenant pour le comprendre.
Je ne sais pas qui Lucie souhaite persuader, sinon elle-même, de l’innocence de son fils en écrivant ces mots. Laisse-t-elle cette trace à la postérité, à d’éventuels juges qui pourraient un jour comprendre ?
Lucie était-elle fière de l’engagement de son fils en tant que chef de centaine à la Milice de Montpellier et chef de l’Avant-Garde de la Milice à la Chapelle-en-Serval ? Que savait-elle de l’antisémitisme et de la violence de cette organisation ? Croyait-elle sérieusement, aveuglée de douleur, que son fils était monté à Paris pour conduire des ambulances de la Croix-Rouge sans faire de politique ?

Mon rêve s’est évanoui
Au soleil levant
Je cherche à comprendre
Ma naissance

Nunitan nipuamun
E petapak
Nui nishtuten
Nitinniun

Ensuite, le bruit courut qu’un train allait partir, et les éducateurs renvoyèrent les enfants chez eux, sans fusil, sans grenades, mais dans leur uniforme d’école brun ; on ne pouvait plus rentrer chez soi ; le chez-soi était un souvenir. Le train n’alla pas loin. Il fut attaqué en piqué par des avions. Comme des frelons déchaînés, les assaillants envoyaient leurs rafales à travers le métal, le bois et le verre des compartiments. Adolf s’en tira sans blessure. Les enfants poursuivirent leur chemin à pied, longeant le ballast ; ils trébuchaient sur les traverses. Et c’est alors qu’ils rencontrèrent l’autre convoi : un camp de concentration que l’on repliait et qui était resté là. Des cadavres regardaient les enfants.

Je ne sens plus que la mer qui gronde partout
Je ne sens plus que les vagues
Qui guettent la grève de mes pensées
Dans les chapelles au-dessus du monde je chante
Et la mer resplendit

- Si tu me mens encore cette fois-ci, et que tu ne me donnes pas de bonbon, je ne te cause plus.
Alors que je passais par la cour, ma mère a ouvert la fenêtre de la cuisine de la pièce en bois et a tendu le cou :
- Drukyi, il ne faut pas que le petit attrape froid, hein !
Dans le lit, ma sœur m’a gardé dans sa pelisse :
- Dis-moi exactement ce que votre maître t’a dit dans la journée. Je te donnerai un bonbon.
Son corps exhalait une odeur particulière. Elle a effleuré la base de mon nez avec le bonbon de lait. J’ai eu beau essayer de le lui voler, sa main était extrêmement rapide et je n’ai pas pu le lui dérober. Puis je lui ai rapporté ce que Maître Mingyur avait dit dans la journée et elle a écouté placidement tout en me grattant les cheveux avec ses ongles.